Une société d’adultes ou un pays d’«assujettis», il faut choisir.

Ne nous y trompons pas, ce n’est pas la crise qui nous perturbe, c’est de nos perturbations que naît et se nourrit la crise.

La crise, ou plutôt les crises multiformes que nous traversons, prennent leur source dans la difficulté où se trouvent nos contemporains de tracer leur chemin ; leur chemin individuel mais donc aussi le chemin de tous vers le « Bonum commune ».

Mais d’où provient cette incapacité nouvelle ?

Il  faut admettre que les formidables progrès techniques dans les domaines les plus variés et l’augmentation de richesse, de sécurité et de facilité des tâches qu’ils ont provoquée chez nous, rendent nos vies bien confortables. Hélas, nous apportant la facilité, ils ont été progressivement dévoyés par le matérialisme.

Celui-ci, de plus en plus aveugle, s’est traduit en politique par la disparition des idéaux et la conjonction surprenante de deux formes de matérialisme, un faux libéralisme et un socialisme sans âme. Cette conjonction cumule diaboliquement les conséquences négatives qu’engendrent ces deux choix de société, diamétralement opposés en théorie, mais qui, unis par nos  pratiques pseudo démocratiques, sont en train de détricoter la trame de notre tissu social occidental.

L’idéal socialiste incontestablement généreux « à la Jaurès », que justifiaient sans doute à l’époque des déséquilibres sociaux intenables, a fait place aujourd’hui, après l’heureux embourgeoisement de toute la classe ouvrière, à un règlementarisme maladif intervenant dans tous les aspects de notre vie et déchargeant ainsi chacun de la responsabilité d’une grande part de ses choix. Prenant toute notre vie en charge, il doit en assurer les coûts et justifie ainsi une ponction fiscale, administrative et sociale globale qui dépasse, chez nous, aujourd’hui, les deux tiers de ce que produit le travail de chacun. Qui ne comprendra dès lors, qu’ayant le sentiment (exact) d’avoir tout payé d’avance, le citoyen déchargé de ses responsabilités, se sente, même inconsciemment, le droit de vouloir tout, tout de suite ?

Afin de s’y maintenir, le socialisme a bien été obligé de partager le pouvoir avec le capitalisme qui seul pouvait assurer une croissance suffisante pour ses appétits d’intervention. C’est ainsi qu’on a vu, depuis quelques décennies, tomber en quenouille les partis et les régimes nostalgiques du grand soir, pour laisser la place à un socialisme pluriel, toujours aussi matérialiste, mais acceptant l’économie de marché avec un réalisme parfaitement cynique.

Hélas, les libéraux qui n’en espéraient peut-être plus tant, au lieu de profiter de cette position dominante pour imposer un marché véritable et transparent qui rende sa responsabilité à chacun, se sont contentés de jouer le jeu en acceptant l’ « Etat social », c’est-à-dire les principes interventionnistes, les transferts qu’ils exigent et l’irresponsabilité générale qu’ils engendrent.

Un système qui engendre l’irresponsabilité de chacun peut-il encore prétendre à un fonctionnement démocratique ? Bien sûr que non ! D’où ce déplorable constat que les institutions démocratiques de notre monarchie constitutionnelle, si belles soient-elles, ne sont plus qu’une façade soigneusement entretenue qui permet, dans son ombre, le développement de moins en moins discret de l’oligarchie particratique.

Face à cette dérive qui touche chaque citoyen et le désarme chaque jour un peu plus, que faire ?

Il faut libérer le citoyen de ce qui l’enferme c’est-à-dire de tous les mécanismes déresponsabilisants. Il faut, dans tout secteur, un sursaut de responsabilité personnelle par et pour chacun. Il faut donc reprendre les fonctionnements essentiels de notre société en y restaurant des mécanismes et des structures qui respectent et génèrent la responsabilité de la personne individuelle. Une société d’adultes ou un pays d’ « assujettis », il faut choisir.

Ceci dit, le sens de la responsabilité et les vertus qu’il demande, ça ne se décrète pas, ça se forme par éducation. Et cette éducation ne doit surtout pas incomber à l’Etat.

Comme dit la Française Christine Boutin, par exemple : il faut en revenir à un « ministère de l’instruction publique » et non plus « de l’éducation nationale », car l’éducation doit être rendue aux parents. Et voici l’élément essentiel : il est urgent de rendre aux parents leur responsabilité, leur pleine autorité et leur devoir d’éducateurs. Pour cela il est  primordial de restaurer la famille dans son rôle irremplaçable de cellule sociale de base. On n’a jamais trouvé et on ne trouvera jamais mieux que le cadre affectif de la famille pour transmettre à chaque enfant le sens de ses responsabilités et les valeurs sans lesquelles une société ne peut fonctionner ; et ces valeurs sont justement celles qui sont aptes à contredire le matérialisme omnipotent de ce jour.

Voilà le chantier prioritaire dans notre société qui est en crise parce que la famille, la responsabilité et l’éducation y sont en ruines ;  il est gigantesque.

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