Le 05.09.2013 07:20, Françoise Le Borne a écrit :
On croyait les romans-photos pour quais de gare disparus , et bien NON !
Celui de la rentrée est si kitsh qu’il en devient éblouissant !
Tout est là pour bouleverser la midinette : enfance malheureuse, noblesse meurtrie, argent, couronne … Le scénariste a fait très fort, et ne craint pas de sonder la population sur la crédibilité de son scénario.
On commence par une enfant “rejetée par sa mère”, souvent absente il est vrai, mais sans dommages atomiques sur le reste de la fratrie. Non, ici, l’enfant “reste sans voix”, et se fait une gloire de n’avoir jamais adressé la parole à sa mère. Laquelle doit toutefois s’en inquiéter, puisqu’elle fera examiner sa fille et suivra les conseils des psys, en la faisant placer un an dans une institution spécialisée. A entendre l’objet de ces soins, c’était encore une infamie …
A 12 ans, enfin orpheline, la demoiselle retrouve la parole. (Ouf). Elle est jolie, a de la classe, et se trouve un mari pas vraiment quelconque : il a beau avoir un long nez (!), c’est aussi une de nos grandes fortunes, elle convole …
Elle n’a pas aimé son ancienne famille, sa nouvelle ne lui convient pas d’avantage, elle préfère se porter au chevet de son père, dans le confort de son Ambassade, et s’estime dérangée quand on lui annonce la venue d’un Prince de Belgique : elle a bien le droit d’être une “sauvage de luxe”.
Oui, mais même sans blanche haquenée, le Prince a du charme … Qu’il soit marié et père de trois enfants ne la dérange pas, elle se lance dans une jolie relation doublement adultérine … qui aboutit à un bébé. Notons la formidable loyauté de notre héroïne : non, elle n’informe pas son mari de la situation, non elle ne demande pas un divorce à l’amiable, elle bidouille les dates (on n’est pas à 3 mois près) pour faire croire à son mari qu’il est l’heureux père … Et elle poursuit sa double vie.
Elle accompagne le Prince partout (abandonnant sa fille comme sa mère l’avait fait ?), elle subjugue son amant au point de le préparer au divorce, avec toutes les conséquences familiales et dynastiques imaginables, mais elle rompt la relation quand elle apprend que le Prince verra ses enfants tant qu’il veut, mais hors de sa présence. Son égo ne le supporte pas, même si elle le camoufle en “intérêt supérieur des enfants”, ce qui reste à démontrer …
Entretemps, elle se repait des difficultés conjugales de son séducteur et en rajoute une bonne couche. Certes, la Princesse Paola était une femme assez “nerveuse”, tendue, mais à l’époque, je suis souvent appelée en réunion au Belvédère. Sans raison réelle, le Prince rejoint souvent son épouse à ces réunions, lui explique patiemment de qu’elle ne comprend pas, elle l’écoute sagement, il l’appelle “ma chérie” à tout bout de champ, et l’ambiance est parfaitement conviviale et décontractée … Nous sommes en 1983.
Finalement, la relation extra-conjugale prend fin, et la dame se replie sur l’éducation de sa fille … à laquelle elle transmet soigneusement toutes ses frustrations. La demoiselle en est le parfait reflet : elle évoque à tout bout de champ “son vrai père”, s’indigne quand certains ne se passionnent pas pour sa situation, part en Angleterre où elle devient “artiste à compte d’auteur”, et finit pas épouser on ne sait trop qui.
La mère et la fille partagent désormais un but : faire reconnaître la paternité du Prince, devenu Roi entretemps. Oubliant, dans leur précipitation, que les collections paternelles sont interdites, et que la petite a déjà un père …
Le public l’oublie aussi, puisque dans les chaumières, on voudrait que le Roi se précipite.
La hargne est si grande que ces dames lui feraient bien procès, envisagent des tests de “fraternité”, puisque le Roi est immunisé de toute procédure. Et là, voila que ce Roi abdique, et retombe donc juridiquement dans le domaine public. Vite, on re-tisonne les braises, on rameute les avocats, on va voir ce qu’on va voir … Et on confond vitesse et précipitation, puisqu’il y a toujours le père légal qui fait barrage, et que son désaveu de paternité (après 40 ans !) n’est pas du tout cuit. Il est même carrément hors délai.
En fait, c’est horriblement compliqué, et surtout que depuis que la Cour Constitutionelle vient de trancher contre la Loi, en faveur d’une notion incroyablement floue, qui est “l’intérêt de l’enfant” !
Bon, notre soap opera ne va pas se perdre dans ces sujets techniques, ni la mère frustrée non plus d’ailleurs.
A l’instar de ceux qui ont démoli le Mur de Berlin, voila qu’elle s’attaque à celui de la vie privée ! Avec une grande compétence découlant de sa propre expérience psychiatrique, elle va médire tant que faire se peut d’une famille dont elle n’a fait qu’entendre parler, et commenter ses impressions sur l’une ou l’autre photo du Prince Philippe, un vrai martyr (comme elle) auquel son père préférait sa soeur et sa mère son autre fils, et “dont il est manifeste qu’il souffre d’un genre d’autisme”.
Et le téléspectateur ébahi se demande pourquoi diable la fille se donne tant de mal pour entrer par la petite porte dans une famille aussi épouvantable … Pour 1/4 de la fortune des Saxe Cobourg Gotha ?
Vous êtes en manque ? Le carpet bombing n’est pas fini, vous en aurez autant la semaine prochaine ! Mais déjà, quand on songe à la mère de notre héroïne, à son mari, à sa fille, à son Prince Charmant et à sa famille, on voit que la dame ne sème que du bonheur !
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