
Sans en tirer ni gloire ni honte, je pense être perçu avec sympathie par les plus conservateurs des catholiques ; du moins par ceux qui me connaissent. Sans doute est-ce dû à ce que jamais je ne me suis caché d’être catholique et que j’ai participé très activement à tous les débats éthiques et religieux de ces dernières années. Pourtant je dois avouer que, malgré une certaine nostalgie, je ne suis pas un fanatique de la messe de mon enfance. J’ai eu l’occasion d’assister il y a peu aux funérailles d’un ami dans une liturgie extrêmement rigoriste, fort belle par ailleurs et accompagnée de musiques splendides, mais où même l’épître fut lue en latin et sans micro (Oh modernité odieuse !). J’ai beaucoup admiré, mais je ne suis pas certain d’avoir beaucoup prié.
Ceci dit je suis parfaitement d’accord avec les critiques sévères que ces amis adressent à la liturgie telle qu’elle est vécue actuellement dans la plupart de nos paroisses où la laideur des ornements s’ajoute à la débilité des chansonnettes, aux libertés parfois ahurissantes que se permettent certains célébrants et à une communion qui s’apparente plus à une morne distribution rapidement bâclée, qu’à la réception miraculeuse du corps de Notre Seigneur.
Beaucoup de messes d’aujourd’hui dégouteraient le néophyte, d’accord. Beaucoup de sujets religieux aussi nous font douter des choix que semblent faire certaines autorités, et les perturbations actuelles ne me semblent pas à prendre à la légère. Encore d’accord.
Mais ce que je déplore par-dessus tout, ce que je déteste, ce sont les gestes et les paroles excessives que ne justifie en rien un réel devoir de questionnement. Quand quelques jeunes ultras perturbent volontairement une cérémonie œcuménique dans la cathédrale Saint Michel, j’ai envie de les fesser. Quand de brillants intellectuels écrivent des horreurs sur notre Saint Père en le traitant à l’égal de Satan, j’aimerais pouvoir les secouer, les faire retrouver sagesse et modestie.
L’Eglise protestante a demandé à pouvoir fêter son anniversaire dans notre cathédrale. Ce n’est certes pas un fait anodin et ce geste n’a pas dû être facile pour tous les leurs, mais ne faut-il pas faire preuve d’un aveuglement stupide pour ne pas voir le pas vers nous que cette demande représente ? Si un de mes enfants m’avait quitté en claquant la porte et que depuis des années j’espérais son retour, ne devrais-je pas me réjouir qu’il me demande de pouvoir fêter son anniversaire chez moi ? Il y a une vingtaine de générations que les protestants ont claqué la porte de l’Eglise, ce qui a provoqué conflits, guerres et massacres durant des décennies, où chaque clan a largement eu ses torts. Est-ce pour autant que nous aurions dû fermer notre porte aujourd’hui à leurs très pacifiques descendants ?
J’ai pour les deux papes précédents une vénération sans borne et j’admets avoir moins d’atomes crochus avec François. Je crois pourtant qu’en ce qui concerne la gestion de la grosse machine Eglise, il a entrepris les réformes nécessaires et qu’il arrive à des résultats. Par ailleurs, ses choix et ses déclarations sont souvent largement déformés par les médias qui fantasment dès qu’ils le peuvent sous prétexte que le Pape à des gouts simples et qu’il évite de passer son langage au tamis serré des sensibilités vaticanes. Soit, mais je reconnais aussi que je comprends mal certaines de ses orientations et que certaines critiques me semblent mériter des réponses qui tardent à venir. Par ailleurs dans les domaines « politiques » qui ne sont pas de son domaine réservé, et où je suis aussi libre que lui, je vois que je suis en désaccord avec certaines de ses positions. Mais ce n’est pas pour autant que je me permettrais d’oublier qu’il reste l’unique détenteur des clés de Saint Pierre et que c’est lui qui tient le gouvernail de l’Eglise. Que sont nos petites questions de simples fidèles à côté des responsabilités surhumaines de sa charge ? Ici aussi, si nous ne voulons pas que des critiques par trop cinglantes profitent à Satan qui n’attend que ça, sagesse et modestie ne doivent-ils pas guider nos esprits, nos langues et nos plumes ?
P.R. novembre 2017
Etienne Delmotte
Quant à la dernière en date des confusions qui nous sont distillées…
http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/franois-scalfari-des-cardinaux-interviennent.php
Etienne Delmotte
M. de Roubaix,
Sainte fête de Pâques à vous et ceux que vous aimez.
Quant à Satan, c’est bien vrai qu’il se frotte les mains.
– Nous avons pour pape, un cardinal Bergoglio dont la désignation, en 2013, pourrait bien ne pas être canonique. Les propos publics de son ami le cardinal Danneels le donnent à penser. Et bien d’autres observations.
– Par ailleurs, des observateurs attentifs notent que les gestes et les propos de ce dernier “élu” en date créent la confusion comme à plaisir.
Simple exemple parmi tant d’autres…
http://www.diakonos.be/settimo-cielo/en-guise-de-continuite-il-y-a-un-gouffre-la-veritable-histoire-des-11-fascicules/
Dans ces conditions, c’est le désarroi des chrétiens catholiques qui s’explique ; bien plus clairement que leur confiance.
Pascal de Roubaix
Cher Monsieur, si au moindre geste des protestants, comme cette demande à pouvoir se réunir dans notre cathédrale, (image d’un retour au bercail qui a dû être plus difficile à accepter pour eux que pour nous !) nous nous braquons en incriminant toutes les erreurs de Luther, il n’y a aucun risque que nous puissions un jour connaître la réunification des chrétiens, unité pourtant voulue par le Christ lui-même. Je pense vraiment que vous, comme ces jeunes irresponsables, faites le jeu de Satan qui jouit de nos divisions.
Emmanuel d'Hoop de Synghem
Cher monsieur,
Faute de savoir à l’aune de quoi cela se calcule, il est d’un intérêt très relatif de se poser la question comme vous le faites de savoir à qui cela a fait le plus de mal, ou à qui cela a été le plus difficile. Nulle part j’ai noté une quelconque volonté des protestants de marquer le déroulement de cet événement en notre cathédrale dans le sens “d’un retour au bercail”. Je me suis même laissé dire qu’en fait, c’est la hiérarchie Catholique qui a pris l’initiative d’inviter les protestants à “fêter ça” en ce lieu. Mais là, c’est une formation à vérifier.
Un constat de toutes les erreurs à la base de la Réforme a été fait à l’époque et ce n’est pas se braquer que d’observer qu’aujourd’hui le constat est toujours le même.
Le réunification des Chrétiens ne pourra se faire qu’à partir du moment où ceux qui ont quitté l’Eglise admettent avoir fait fausse route. Que l’Eglise ait l’obligation d’être attentive à cet égard est une évidence: la bienveillance la plus totale étant toujours de mise lorsqu’il est question de conversion.
Que Satan s’en réjouisse ou non, en dernière analyse, il ne me paraît pas possible de nier que divisions sérieuses il y a. Aucun dialogue ne contribuera à la réunification si l’on occulte ces divisions sauf… à admettre que c’est l’Eglise Catholique qui a fait fausse route, éventualité qui assurément répond à la question: “Quand Satan se frotte les mains”.
Pascal de Roubaix
Allons allons, qui vous parle de nier les éléments qui nous séparent ? Il s’agit ici de savoir ce qui est le mieux pour arriver un jour à une indispensable réunion: Un premier accueil des uns chez les autres ou la perturbation de cet accueil par des Ave Maria lancés comme des reproches cinglants à nos invités. Poser la question est y répondre et vous le savez bien.
Emmanuel d'Hoop de Synghem
Ainsi donc, vous déplorez par-dessus tout et detestez les gestes excessifs venant de quelques jeunes ultras que vous prononcez coupables pour avoir perturbé une cérémonie œcuménique, la commémoration à l’occasion des 500 ans du protestantisme en la cathédrale Saints Michel et Gudule. On notera au passage l’usage de l’adjectif “ultras”, commodément décrédibilisant…
Comme pour donner quelque contenu à votre sentence, vous évoquer le départ de la maison d’un enfant qui claque la porte et dont vous espérez légitimement le retour et de préciser: “ne devrais-je pas me réjouir qu’il me demande de pouvoir fêter son anniversaire chez moi”?
Votre évocation renvoie bien sûr à la parabole du fils prodigue mais ne me convainc pas du tout. Faire appel aux Ecritures Saintes ne suffit pas. En effet, quel genre d’anniversaire est-ce donc que celui qui consiste à se réjouir et commémorer les 500 ans de ce qu’il faut bien appeler une énorme révolte, une cassure terrible dans l’histoire de la Chrétienté, commémoration qui se tient en un lieu ô combien symbolique puisqu’il s’agit d’une église, cathédrale qui plus est, la maison de Dieu, lieu de la Présence Réelle, là où se célèbre la Sainte Messe.
Comment peut-on se réjouir du souhait qu’exprime l’enfant de venir fêter chez vous à la maison sa révolte vis à vis de l’essentiel de ce que vous avez essayé de lui inculqué?
Luther s’est en effet opposé frontalement à l’autorité de l’Eglise, fait fi de nombre de Vérités de Foi, a écarté la Sainte Vierge et tous les Saints, a vidé de leur sens les sacrements et le Saint Sacrifice de la Messe et tourné en dérision tant la hiérarchie écclésiale que la vie religieuse et les vœux monastiques.
Que je sache, le protestantisme n’a jusqu’à aujourd’hui rien renié de ses principes fondateurs.
L’acceptation de la hiérarchie de l’Eglise Catholique à la proposition des protestants à venir “fêter ça”, chez eux dans une église, s’aligne parfaitement à une pastorale foutraque dont par ailleurs vous déplorez, comme moi, les effets dévastateurs.
Par conséquent, je trouve au contraire tout à fait réjouissant qu’il se trouve encore quelques jeunes Catholiques pour qui une telle commémoration dans une cathédrale, siège épiscopale faut-il le rappeler, le choix n’est pas anodin, soit un événement qui ressemble fichtrement à une profanation ou à tout le moins, un formidable pied de nez au monde Catholique.