
Ce matin la radio, allumée par habitude, nous débitait des recettes de spécialistes médiatiquement reconnus, dialoguant avec des sociologues et autres « logues » éminemment « conscientisés » afin de nous soutenir au mieux, nous les manants confinés et reconfinés jusqu’au bord de la dépression.
Tout d’abord, nous disent-ils, pas question de se laisser aller. Au contraire : «soignez-vous, soyez propres, menez une vie active et mangez sainement en respectant un horaire normal : vivez le jour et dormez la nuit». Puis : «cultivez tout ce qui est positif dans cette vie bouleversée, effacez de votre esprit les critiques et les reproches. Parlez à vos proches en restant constructifs, admiratifs, souriants, chaleureux et vous en retirerez autant de bien qu’eux» Enfin : «bougez, faites de l’exercice physique, respirez, choisissez des ballades et visitez donc votre pays que vous découvrirez avec bonheur ».
Bon, merci, tout ceci est fort bien mais relève quand-même d’une forme d’évidence pour tout qui a eu la chance de recevoir un minimum d’éducation : Plus les circonstances sont exigeantes mieux il faut se tenir. C’est du simple bon sens mais, restons positif, il n’est pas nécessairement inutile que la radio le rappelle.
Par contre je crains fort que ces beaux discours volontaristes manquent largement leur cible. Je crois en effet que ce n’est pas de bons sentiments ni de beaux principes de conduite que manque notre monde. Le mal me semble infiniment plus profond et plus grave.
Nous vivons, je crois, une forme de guerre mondiale qui a ceci de particulier que l’ennemi tire sa force de sa petitesse et de sa fragilité. Ayant du mal à détecter sa présence, nos dirigeants ont pris des mesures totalement disproportionnées et maladroites qui nous déforcent en profondeur sans pouvoir arrêter un ennemi dont nous ne testons la présence que quand, et là où, il a fait des dégâts.
Je n’ai aucune compétence en matière de santé publique et j’ai dû passer du temps sur internet pour comprendre plus ou moins ce qu’est un virus. D’accord, mais je ne puis m’empêcher de constater qu’à force de vouloir lui cacher toute la population, on est arrivé à nous abîmer tous, à coups de mesures liberticides, et à détruire au passage d’importants pans de notre économie …en pure perte à ce jour.
Et là n’est sans doute pas le plus grave.
Rappelez-vous, il y a quelques années ont été restaurées quatre statues symboliques qui encadrent le socle de notre colonne du Congrès. Ces quatre statues sont les allégories magnifiées des quatre libertés fondamentales que défend notre constitution (Qui fut, j’aime à le rappeler, un texte exemplaire pour les nations, avant d’être défigurée par la particratie mise en place à ce jour).
Il y a là les libertés de presse, d’association, d’instruction et de culte.
Sans presse libre, pas de liberté face au pouvoir, sans liberté d’association pas de contre-pouvoir possible, sans instruction libre une population reste ignorante ou se fait formater par le pouvoir, enfin sans religion libre plus de recours contre le pouvoir matériel, temporel, et contre la dictature de la majorité. Sans ces quatre libertés donc, plus de démocratie.
Or voyez dans quel état les confinements ont mis ces socles fondamentaux de nos libertés.
Notre presse réduite à se faire la caisse de résonnance du politiquement correct avec la multiplication ad nauseam, ces derniers mois, de discours anxiogènes taillés sur mesures pour forcer les esprits à une obéissance abrutie.
Nos associations totalement paralysées par les limitations drastiques des contacts et des tristes « bulles » qui ont pris leur place.
Nos écoles de tous niveaux, organisées, ouvertes ou fermées, au gré des décisions d’une clique médicalo-politique qui ne veut pas voir que sans liberté il n’y a plus de pédagogie et donc plus d’école.
Et enfin, sans aucun doute le plus grave, le culte, dont on ne parle même plus.
Je crains d’ailleurs que même parmi les catholiques les plus fervents, certains se demandent ce que le culte vient faire parmi les toutes premières libertés constitutionnelles. C’est qu’en 1830 le matérialisme n’avait pas encore desséché les esprits comme il l’a fait à ce jour. C’est que la liberté de culte, ce n’est pas que celle de pouvoir pratiquer en paix les rites de sa religion. La liberté de culte n’est rien d’autre que l’inscription, dans notre loi fondamentale, du fait que César rend à Dieu ce qui est à Dieu.
Parmi les activités humaines, celles qui touchent au spirituel ne sont pas du domaine de la gestion politique. Donc, par exemple, quand celle-ci veut limiter le nombre de ceux qui peuvent participer au culte, elle outrepasse clairement la limite de son pouvoir. Et ce qui me désespère c’est de voir la pusillanimité ahurissante de nos autorités religieuses qui acceptent ce viol de notre liberté constitutionnelle, sans véritable réaction. Et on en arrive ainsi à ce qu’à chaque nouvelle restriction on entende les récriminations désespérées de tous les secteurs concernés depuis l’HORECA jusqu’aux artistes de tout bord, en passant même par les salons de tatouage, mais de l’Eglise et des cultes … on ne parle tout simplement plus. Pour les médias d’aujourd’hui, face à la pandémie, la pratique religieuse n’existe effectivement plus.
Or justement, quand le mal frappe, quand les pouvoirs publiques sont dépassés et les structures submergées, en pleine guerre, notre premier besoin notre seul véritable recours n’est-il pas spirituel ? Tout spécialement en ce temps de Pâques, ne serait-il pas bon, n’est-il pas indispensable et urgent d’entendre, plutôt que des chiffres, des courbes et des statistiques, ce message fort et réconfortant résonner depuis nos églises, cette bonne nouvelle qui nous annonce, envers et contre tout, que l’Amour a vaincu la mort ?