L’urgence pour l’école c’est sa liberté !

La liberté est une condition de base pour une bonne école, tout le monde peut comprendre ça.

L’école reçoit des parents une redoutable mission de confiance : former et remplir au mieux le cerveau de chacun de leurs enfants et leur apprendre à s’en servir bien. Cette mission est basée sur une démarche primordiale très particulière, qui demande un savoir-faire unique : la pédagogie.

Qu’est-ce que la pédagogie ? J’aurais tendance à dire que c’est un savoir-faire composé à 25 % de technique et à 75% de don de soi. La technique seule ne pénétrera jamais l’esprit de l’enfant faute de le toucher vraiment, tandis que le don de soi sans technique, tout primordial qu’il soit, risque de passer à côté de sa cible.

Si le don de soi prend une telle place dans le métier d’enseignant, il est facile de comprendre pourquoi la liberté y est primordiale : comment se donner si on n’est pas libre ? Sans liberté du pédagogue pas de pédagogie. C’est aussi simple que ça. Bien entendu pour être efficace cette liberté doit être encadrée par des règles et soutenue par une technique maîtrisée. Mais technique et règles seules ne sont rien, qu’un moteur sans carburant, un levier sans force, une ampoule sans électricité.

Par ailleurs cette liberté de chaque pédagogue doit s’exercer en parfaite connivence avec celle de ses collègues qui partagent la mission de l’école. Il faut donc des enseignants libres, participants à un projet pédagogique commun, librement établi par et pour l’école.

Pour guérir nos écoles il faut donc restaurer d’urgence leur liberté.

Hélas, c’est exactement le contraire que font, depuis des décennies, mais aujourd’hui plus que jamais, nos gouvernements successifs. Et l’actualité vient de nous apporter un nouveau sujet d’inquiétude pour ne pas dire de rupture totale entre ce que réclame le bien commun en matière d’enseignement et les mesures que concocte le gouvernement francophone actuel.

Je vous disais récemment le bien que je pensais de l’arrêt de notre cour constitutionnelle qui refuse enfin le caractère prétendument neutre du cours de morale laïque et qui en tire pour conclusion qu’il ne peut pas être imposé aux enfants au même titre que tout autre cours confessionnel.

(Voyez : http://www.lebeffroi.eu/refuser-notre-religion-cest-nier-notre-culture/) Je vous disais à cette occasion l’importance d’un apprentissage (quelles que soient les convictions des élèves) des heurs et malheurs de la religion chrétienne au long de l’histoire de l’Europe, afin de les former aux fondements de notre culture occidentale.       Mais depuis, un vent indiscret a amené, dans les colonnes de la presse, des éclaircissements sur ce que devrait être le contenu d’un nouveau cours obligatoire de « citoyenneté » actuellement en préparation dans les cabinets humano-socialistes et les couloirs du pouvoir francophone.

Et cette fois nos appréhensions se muent en effarement, car, réduisant d’autant l’espace du cours de religion, la dame ministre s’apprête à imposer à tous les réseaux, avec sa délicatesse habituelle, un cours d’une matière très particulière, «la citoyenneté», qui semble bien devoir se profiler comme le cours de catéchisme d’une véritable néo-religion d’Etat. D’après ce qu’on en sait, en effet, le contenu de ce cours « transversal » touchera tant à la philosophie (des lumières, surtout !) qu’aux religions (sans la moindre priorité au christianisme, bien entendu) à l’égalité homme-femme, à la vie sexuelle et affective, aux diversités et aux discriminations, aux grands enjeux de société, au développement (obligatoirement) durable, la participation à la vie sociale, la psychologie et l’analyse critique, la multi culturalité et le respect de l’environnement… etc. etc. Bref, vous aurez compris que, chargé de toutes les têtes de chapitre du politiquement correct, ce cours est à l’évidence destiné à enfoncer dans le cerveau de chaque enfant l’ensemble des grands principes de la bienséance « progressiste ».

Reste quelques petits problèmes comme celui des compétences d’une largeur surhumaine dont devraient normalement faire preuve les professeurs d’une telle matière, et les inquiétudes syndicales subséquentes. Comme aussi celui auquel la grande dame de l’humanisme francophone ne semble pas avoir songé, et qui est la neutralité impossible d’un tel enseignement que devrait donc logiquement retoquer la Cour Constitutionnelle (comme elle l’a fait de la « morale laïque »).

Si donc, il devait s’avérer que le mini-gouvernement de la « Communauté Wallonie-Bruxelles » demande au ministre de revoir encore sa copie, nous n’en serions pas surpris. Mais l’important n’est pas là.

L’important est ce constat épouvantable: nous vivons sous un régime qui, sans hésiter, se permet d’utiliser son pouvoir sur l’école à des fins d’endoctrinement des enfants à sa propre conception de la société. Et le plus grave est que ceci n’a pas l’air de déranger grand monde ni dans la presse ni dans les milieux concernés.

La même dame qui semble souffrir d’un complexe social profond, veut par ailleurs limiter strictement les possibilités de l’école à domicile afin, sans doute, que nul n’échappe au formatage obligatoire. Au passage, elle foule au pied la liberté des parents, mais comme ils ne représentent qu’une infime minorité, elle n’en a cure.

Enfin le plus désolant est que, pendant ce temps, ce ne sont pas les sujets de réflexion fondamentaux qui manquent à l’organisation de l’école du XXIème siècle. Par exemple :

  • L’accélération foudroyante des communications et de l’accès à l’information dans tous les domaines est en train de « dribler » tout notre système. Le maître n’est plus celui qui est dépositaire du savoir mais il doit impérativement devenir celui qui guide les enfants, dans la jungle des sources, vers un savoir structuré.
  • Nous avons un des enseignements les plus coûteux du monde sans pour autant briller, loin de là, par son excellence, mais bien par la lourdeur absurde d’obligations administratives aussi chronophages qu’énergivores.
  • Les progrès constants de la science dans les disciplines les plus diverses demandent, de la part des professeurs, une disponibilité exceptionnelle au changement, à la formation permanente et à de très fréquentes remises en causes personnelles. Exigences qui sont en contradiction avec la perte de leur statut social observée depuis les générations précédentes.

Pour aborder ces défis nouveaux, il est primordial de reconnaître leurs responsabilités respectives à tous les intervenants. Il faut impérativement délivrer l’école du carcan politico-administratif qui veut tout régir aujourd’hui. Il faut que les directeurs reçoivent un véritable pouvoir de direction générale et les Pouvoirs Organisateurs celui d’un vrai conseil d’administration. Quant aux parents il est urgent qu’ils soient (re)mis devant leur responsabilité d’éducateurs.

Mais tout ceci ne se fera pas sans une véritable révolution structurelle dans le fonctionnement des écoles et de toute l’instruction publique. Il ne faut plus que ce soit l’Etat qui gère l’école. (Comme si elle lui appartenant !) Il faut que ce soient les parents qui choisissent l’école de leur préférence, en toute liberté et en la payant eux-mêmes. Et ceci est tout à fait possible, grâce à une technique qui a déjà fait ses preuves ailleurs : le « chèque école » (Qu’on a déjà appelé le « bon scolaire » dans une proposition intelligemment élaborée chez nous… au début du siècle dernier !) Ce système signifie que l’Etat veille à ce que chaque foyer reçoive les moyens de payer lui-même l’école de ses enfants (à son coût réel !) et arrête de financer une énorme machine administrative inefficace et dispendieuse qui écrase l’école d’aujourd’hui.

Le lieu n’est pas ici de longs développements techniques sur le chèque scolaire et ses avantages. Sachons seulement que cette technique qui a fait ses preuves ailleurs, est une des grandes réformes nécessaires à la liberté de l’école. Liberté qui est le seul chemin vers l’excellence pour tous.

 

 

 

 

 

 

 

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7 commentaires à propos de “L’urgence pour l’école c’est sa liberté !”

  • Marc B.

    Hello Pascal,

    Vrai…

    Qu'”ils” lâchent la bride aux diros avec leur carcans à la Kafka…

    Qu'”ils” lâchent les pompes aux profs avec leur standards à la ponceuse…

    Qu”ils” lâchent le slip aux gamines avec leur majorité sexuelle à la maternelle…

    Ben voyons…

    Marc

  • Thierry Verhaeghe

    Tout ce que vous dites pour l’école est vrai aussi pour le marché du travail. Tous ceux qui travaillent n’en peuvent plus et il y a des milliers de chômeurs. Le marché du travail comme celui de l’école est hyper réglementé et n’offrent aucune transparence. Un beau projet pour l’Europe serait d’encourager la déréglementation et la transparence dans ces deux secteurs. Celui de la santé suivra.

  • jacques de thomaz

    La “ministre de l’enseignement” est la personne qui a transformé le parti social chrétien en un ensemble confus plus au moins au centre, mais plutôt du côté socialiste, qui est une dégringolade continuelle d’un parti qui a mené la Belgique.
    Elle s’est associé à des gredins islamique pour subsister en politique. Elle est centrée sur l’hyper-court terme. Sa philosophie est centrée sur SA SURVIVANCE et je ne sais s’il y a autre chose.
    Alors, comment voulez-vous qu’une personne de ce style puisse proposer pour l’enseignement – fondamental pour l’avenir de tous – autre chose que des propositions sans valeur.
    En radiant le PSC elle a aussi radié le concept même des valeurs.
    Je n’arrive pas à comprendre comment une ‘pute” arrive encore à se faire élire.
    Ho rage, ho désespoir, quand aurons-nous des dirigeant qui ont des visions pour notre pays.
    Bien à vous
    Jacques de Thomaz

  • Charles de Favereau

    Brillante analyse et excellente proposition mais un des problèmes c’est que la particratie veut davantage contrôler les choses, s’occuper de davantage de choses, bref avoir davantage de pouvoir et éduquer la pensée du peuple. Notre particratie n’a plus réellement le souci du bien commun mais celui de se maintenir en place à tout prix. Difficile avec les partis existant actuellement d’aller vers davantage de liberté pour les citoyens. La liberté de pensée existe encore mais celle e s’exprimer se réduit de jour en jour et avec “big brother”, internet, tweeter, facebook, GSM, nos cartes de crédit, de fidélité, etc… nous sommes(?) pouvons être surveillés constamment et cela ne fera que se renforcer avec le développement des TIC et objets connectés. Où est la liberté si on est constamment surveillés? Mais le peuple est content tant qu’il a du “pain et des jeux”.

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