La médiocrité obligatoire.

 

Je ne croyais pas, en écrivant mon billet précédent sur le droit à l’échec, que l’organisation de nos écoles par le politique allait nous donner aussi rapidement un exemple aussi criant de la médiocrité qu’il veut imposer à tous.

Si vous avez un minimum de pratique de nos journaux et media, vous ne pouvez pas ne pas avoir entendu parler du fameux texte que le ministère a sélectionné comme sujet pour «nos chères têtes blondes» en jachères.

Pour les martiens je résume en deux mots : le ministère francophone a décidé de contrôler le niveau des écoles au moyen d’un nouveau bidule obligatoire. Il impose de faire procéder par les écoles à une analyse de compréhension de texte en langue française. Déjà une contestation immédiate sourd de toutes parts : « on va nous faire perdre notre temps ; ça va coûter cher alors que nous manquons de l’essentiel ; les écoles sont assez grandes pour évaluer leurs élèves elles-mêmes ; etc.. » Mais le débat va prendre une dimension surprenante quand sera connu le texte sur lequel devra obligatoirement porter l’exercice. Je ne vais pas vous le reproduire ici mais, croyez-moi sur parole, il n’en vaut pas la peine. Il s’agit d’un petit conte pernicieusement cynique, prenant la voix de l’enfant pour parler de ses déboires scolaires. Ça se veut drôle, c’est bête, noir, méchant et donc aujourd’hui anodin. C’est surtout tristement mal écrit.

Deux aspects du texte se croisent et se renforcent l’un l’autre, pour provoquer une levée de bouclier dont l’ampleur étonne. La profonde médiocrité de son contenu comme de sa forme, d’une part, d’autre part la violence parfaitement froide, inconsciente, irresponsable de l’enfant qui, par exemple, ayant fracassé le crâne de son institutrice en faisant tomber un pot de fleur, conclut : ça m’est égal, on a eu un autre cours.

Pour ma part, j’aurais tendance à ne pas attacher trop d’importance à cette violence, non parce qu’elle est partout, ce n’est pas une excuse, mais parce que je pense qu’elle est tellement invraisemblable, dans ce triste petit conte pervers, que la toute grande majorité des enfants ne devrait pas, me semble-t-il, en être perturbée. N’empêche qu’on aurait pu, franchement dit, leur épargner ceci dans les temps que nous vivons, et surtout au lendemain de l’agression furieuse d’un directeur d’école à coups de couteau, par un de ses élèves.

 

 

Un simple principe de précaution, pourtant très à la mode, aurait dû suffire à éviter pareil texte, pour le moins ambigu.

Par contre, là où une sainte fureur me fait de nouveau maltraiter mon clavier, c’est devant les raisons qui peuvent bien pousser ces fichus pédagogues-en-chambre à choisir cette lamentable petite chose pour servir d’épreuve clef à toute une génération de nos enfants.

Quoi, nous avons la chance de pratiquer une langue qui surpasse toutes les autres par la beauté et la puissance de sa littérature, nous avons à notre disposition des milliers de pages somptueuses, des centaines d’œuvres dont la seule lecture devrait nous faire pleurer de bonheur esthétique, et ils nous servent çà ! Un baragouin infantile, truffé de fautes, – il faut parler «jeune» n’est-ce pas ? – sans corps, sans tenue et sans force autre que celle des horreurs qu’il imagine.

Ce serait seulement consternant si la réaction de l’ombrageuse gitane qui nous sert de ministre (Di Rupo regnante) ne nous avait pas fait comprendre que tout ceci est parfaitement conscient et voulu : « Gare à ceux qui auraient des velléités de ne pas utiliser l’imposé » La menace est tranchante et le ton définitif.

Qu’on se le dise : au moindre murmure réactionnaire le ministre saura se montrer très mauvaise copine. C’est que le choix d’un pareil texte n’est pas une erreur, il procède d’une volonté politique bien établie sur un projet solide : celui de la médiocrité imposée par une idéologie égalitariste.

Pour peu que vous puissiez prendre un peu de hauteur (ce n’est pas demander l’impossible en l’occurrence) par rapport à l’affaire du texte imposé, vous réaliserez très vite que s’il est hors de question qu’on le lâche, c’est qu’il est un des maillons de la chaîne qu’enroule systématiquement le pouvoir socialiste actuel autour de nos écoles, celles de l’Etat bien entendu, mais aussi des autres réseaux et plus particulièrement ceux qui cultivent encore la naïveté de se croire libres. Une réaction récente du ministre à propos du reproche qu’on lui faisait de ne pas même consulter les pouvoirs organisateurs, ne laisse planer aucun doute. Elle aurait dit : C’est celui qui paye qui est le patron. Dans les écoles, même celles «du libre», c’est moi qui paye, c’est donc moi qui décide.

A bon entendeur….

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