
Il y a des jours où je me demande si c’est moi qui suis naïf, prude, fleur bleue, irrémédiablement démodé et fermé à toute modernité ou si c’est notre société qui se décompose à plaisir dans le cynisme, le hideux et le putride.
Nous venons de subir récemment encore deux exemples que certains me diront anodins. Moi je les vois comme des témoins de laideur. Une laideur recherchée, dans la forme comme dans le fond, pour mieux exploiter la noirceur qui sommeille dans toute âme humaine.
En perdant mes soirées devant le superbe écran que nous ont offert nos enfants, j’ai suivi récemment deux productions qui n’ont aucun rapport entre elles, si ce n’est cette communion dans la boue dont se délectent de plus en plus souvent des programmes de moins en moins buvables.
La première est une série lancée à grand tapage par notre chère (beaucoup trop chère !) RTBF : « Coyotes ». On y voit une patrouille (mixte) de scouts qui, dans un scénario ridiculement invraisemblable, oublient tout idéal pour jouer les receleurs débiles, lâches, et s’enfonçant dans une rapacité qui les aveugle jusqu’au drame. Le tout entouré de personnages ignobles, à commencer par leur aumônier qui nous est présenté d’emblée, tenez-vous bien, en position avantageuse entre les jambes de sa maitresse. …La toute grande classe !
Je n’ai évidemment pas regardé la suite de cette répugnante stupidité, mais je ne puis m’empêcher de m’interroger sur les intentions de ses auteurs et de ses producteurs. Comment est-il possible qu’aujourd’hui, dans notre pays, tant de gens, tant d’énergie et tant d’argent, soient mis au service d’une telle infection? Au service d’une entreprise de destruction de l’image de ce qui est normalement porteur d’un trop rare idéal : le scoutisme, la prêtrise et finalement la jeunesse en général ?
Je n’oblige personne à être fan de « Signe de piste » ni même de « La Patrouille des castors », je puis admettre que tout le monde ne partage pas mon admiration pour la prêtrise ou pour Baden Powell. Mais monter toute une production cinématographique dans le but évident de détruire, et de détruire le bien, j’avoue que ça dépasse mon entendement.
Second exemple récent : je « zappais » machinalement l’autre soir, au lieu d’aller me coucher, quand je suis tombé sur la proclamation des résultats du concours eurovision de la chanson ! Vous connaissez tous ce rite du « Belgium one point » qui m’a poussé à écouter jusqu’au bout. Mais cette année, au-delà des votes de tous les pays successifs qui annonçaient, je pense, la victoire de la France ou de la Suisse, devait intervenir le « vote du public ». Or là, je ne sais par quel tour de force, est venu s’imposer sans discussion la production de l’Italie. Et c’est ainsi que nous avons eu droit à la glorification surprise d’un groupe de… dégénérés hurleurs, je ne puis dire autrement. Pas l’once d’une tentative de mélodie, des éructations beuglées et rythmées au marteau piqueur, par des êtres, improbables androgynes, volontairement répugnants.
Si c’est vraiment ça le choix incontestable du « public », je pense qu’il est grand temps de s’interroger sur l’état de santé mentale de ce public-là. Et s’il est vrai que de telles horreurs ont du succès en Italie, on ne peut que pleurer sur ce pays qui fut, tout au long des siècles, celui de la beauté, de la ligne, de la finesse et du charme.
Certes l’Eurovision n’a jamais été concours de génies mais je préférais cent fois « j’aime, j’aime, la vie » aux barrissements d’aujourd’hui. Les niaiseries gentillettes du passé avaient au moins l’avantage de l’enthousiasme, et des émotions populaires joyeuses qui ont marqué leur époque. Je ne suis pas le seul, j’espère, à refuser des quatre pieds que cette infecte noirceur soit la marque d’aujourd’hui.