Entre relance et austérité : le travail !

Lors d’un débat télévisé récent au sujet du choix à la mode entre austérité et relance, un professeur de Solvay, bien connu pour son indépendance d’esprit et sa rigueur intellectuelle, précisait très à propos les prélèvements obligatoires moyens sur le salaire du travailleur. Les chiffres sont faciles à retenir : 30, 30 et 40. Le salaire brut que vaut le travailleur pour son employeur est amputé  à la source de 30 % d’impôts et de 30 % de charges sociales. Restent donc 40 % net de son revenu qui sont effectivement versés sur le compte du travailleur.

Mais sur ces 40 % net, l’Etat et d’autres pouvoirs publics ne se gênent pas pour prélever tout ce qu’ils peuvent. D’abord la TVA sur tout ce que nous achetons, puis les énormes accises sur le diesel ou l’essence et même sur le mazout de chauffage et les boissons alcoolisées, le précompte immobilier pour les propriétaires, ensuite toutes sortes de taxes sur nos activités, taxe sur les tv, les radios, et les ordinateurs, taxe sur l’eau, sur les autos et les parkings, (taxe dès que vous roulez et taxes dès que vous vous arrêtez ! )  etc. etc. A toutes ces perceptions il faut encore ajouter tous les frais administratifs obligatoires dès que vous avez le malheur de devoir passer par une administration. Bref, bien malin celui qui conserve au bout du compte, en libre pouvoir d’achat, le tiers du salaire de son travail.

Ces chiffres signifient tout simplement que nous nous offrons chez nous en Belgique, en pleine crise financière internationale, des « services publics » qui nous coûtent près de 70 % de nos revenus. En sommes-nous bien conscients ?

Quand des politiciens lancent sans plus la moindre pudeur démagogique qu’il faudra bien augmenter encore les perceptions, il faut être conscient qu’ils veulent donc s’en prendre à ces quelques 33 % qui nous restent.

S’ils étaient honnêtes ils devraient poser la question suivante : « chers concitoyens qui déboursez déjà les deux tiers du produit de votre travail pour payer les services publics, acceptez-vous de payer encore plus ? » Mais poser la question ainsi leur est insupportable alors ils condamnent ce langage et lui trouvent un anathème : c’est du simplisme populiste. ( Et là je me demande parfois quel est le plus simpliste des deux, mais passons.)

Ce qui fut très frappant tout au long du débat dont question au début de ce billet c’est que personne autour de la table n’a fait remarquer à aucun moment qu’entre « austérité aveugle » et « relance malgré tout », existait peut-être une troisième voie qui semblerait acceptable : celle de l’austérité ciblée. Celle de l’éradication des dépenses inutiles, des services inefficaces, des administrations importunes, des règlementations dispendieuses et superfétatoires et de tout le travail contre-productifs qu’ils exigent, tout comme le temps perdu et les coûts exorbitants qu’ils représentent.

Ici, nous pourrions évidemment citer des exemples sans fin mais nous préférons renvoyer le lecteur à sa propre profession, à ses propres expériences. Les obligations administratives ont littéralement explosé ces dernières années et ceci dans tous les secteurs d’activité dont principalement ceux qui touchent directement les citoyens et les familles, comme l’école, la police, la santé, l’emploi, la mobilité, l’urbanisme etc. Mais nous sommes certains que le lecteur est en train de penser à un exemple qu’il vient de vivre lui-même dans ses propres activités. Pas besoin d’en rajouter !  Dans chacun de ces cas, le coût économique est fait de l’addition du salaire de l’agent administratif, des pertes de temps et d’énergie qu’il occasionne pour ceux qui doivent lui répondre, des coûts et des manques à gagner que les obligations imposées provoquent directement et indirectement.

Il est pourtant simple de comprendre que nous n’avons dans notre petite Belgique, d’autre richesse que celle du travail de nos concitoyens. Il devrait donc être primordial de ne jamais concevoir une forme de règle ou d’intervention publique qui prendrait le moindre risque de décourager ou de gêner en quoi que ce soit la capacité de travail de chacun. Au contraire, chaque norme devrait contenir obligatoirement une forme de promotion, d’encouragement, si pas de récompense du travail et du travailleur productif.

Si nous prenons un peu de hauteur par rapport à nos soucis économiques, il saute aux yeux que ce qui manque à la Belgique et que nous devons encourager par tous les moyens c’est le travail productif. Si trop de Belges n’ont pas de travail, c’est parce que trop de Belges ont une fonction improductive si pas contre-productive qui, à nos dépends à tous, complique, freine ou étouffe le travail productif. Or le travail productif reste le seul moyen connu de créer du travail et donc d’en donner au plus grand nombre.

Quand un politicien déclare qu’il va « créer de l’emploi », il faudrait l’enfermer pour mensonge, tromperie et crime de démagogie aggravée. Jamais, je l’ai déjà écrit mille fois, un politicien n’a créé, ne crée ni ne créera, le moindre emploi.

Ce que peut, et doit faire le politique en ces temps de crise, c’est imposer une austérité maximale du travail improductif pour susciter, grâce au ballon d’oxygène qu’elle apportera au monde du travail, une vraie relance de celui-ci et, par lui, de toute notre économie.

Pascal de Roubaix.

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9 commentaires à propos de “Entre relance et austérité : le travail !”

  • Renaud de Failly

    Témoin des effets de mai 68, la dérive des valeurs fondamentales dans tous les domaines, civiques, religieuses, familiales, politiques. je ne peux qu’adhérer à vos courageuses démarches.

    Je dénonce le déclin de notre civilisation en toute occasion, mais je suis rarement compris. Reste mon espoir de vous voir à la tête d’un parti, quitte à le voir traité de fasciste par la presse, y compris par la “Libre Belgique”.

  • RM Dumont

    cher monsieur,
    Etes-vous lu par nos politiciens, comptez-vous dans vos “amis” de facebook ou autre site des élus de quelques couleurs soenit-ils.
    C’est là qu’il faut semer car il doit tout de même y en avoir encore des “bons”
    Toutes ces vérités sont bonnes à dire et redire
    merci

  • Irina de Pahlen

    Dépenses inutiles:
    Entendu hier sur RTL: la prison de St Gille a été renovée, images à l’appui, belles cellules. coût: quelques millions d’euros, le chiffre m’a échappé mais j’ai retenu que cela fait 4.000 euros/an par détenu. Et en 2017 la prison sera fermée car une plus grande et plus belle est en construction ailleurs.
    On rénove, on dépense puis dans 5 ans on détruit! Cela s’appelle une vue à grande échelle!
    Mais que peut-on attendre d’un gouverment dont le premier ministre et quelques autres soutiennent la décadence et la perversion de la population en participant à cette monstruostié qu’est la “gay pride”?

  • Flicka Cattoir

    Oui bien sûr, tout cela est vrai, mais que proposez-vous concrètement pour cette relance…???
    Ce qui pour moi manque cruellement à nos politiques, c’est l’imagination…alors que cette période où tant de paramètres se dégradent, pourrait faire fuser des initiatives dans pas mal de domaines…énergies, biodiversité etc…
    Quant aux médias, ils ne parlent que de crise, ce qui plombe le moral des gens, et du coup, au lieu de réagir, ils sont abattus!
    Voilà une réaction à chaud, avant d’oublier de vous envoyer ce feed-back…
    Et merci pour vos articles,
    “Une incivique de l’économie qui prépare ses repas avec les fruits de son potager…” et qui encourage ses amis à vivre beaucoup plus simplement, et avec beaucoup plus de bonheur…
    Flicka

  • Cartuyvels Jean Pierre

    Vous avez évidemment raison. C’est ce ce côté que l’effort doit porter.
    Les pouvoirs publics et administrations doivent aider et non freiner, ralentir et décourager les initiatives des citoyens.
    mais comment y parvenir ? C’est toute la question.

  • Breuls de Tiecken Michel

    Monsieur,

    Je n’ai pas l’habitude de répondre, car je fais partie de cette majorité silencieuse qui essaie juste de vivre au jour le jour le plus positivement dans son cercle de vie sans prendre et/ou répandre son avis sur la place publique.
    Comme vous souhaîtez connaître vos lecteurs (ne pas les connaître doit être une énorme frustration), je sors du bois.
    Vous êtes une des rares news-letters que je n’ai pas supprimé, car j’apprécie la profondeur de vos réflexions.
    Dans un rêve, j’avais imaginé pour la Belgique la création d’un Parti du bon sens. L’expérience à prouver qu’un nouveau parti ne change rien, les bonnes volontés sont vites étouffées et pas toutes efficaces. Il reste le pouvoir de l’information. Continuez à semer, le blé ne tardera pas à germer.

    Bien à vous et bonne continuation.

    Michel Breuls
    Simple citoyen.

  • taymans jacques

    Super Pascal- ah si nos politiciens pouvaient t’entendre et prendre les mesures adéquates pour permettre aux citoyens de jouir du fruit de leur travail.Comme moi avoir payé des millions de francs belges chaque année et bénéficier maintenant d’une pension d’indépendant de 1.250 euros par mois-me voilà en état de dépenser,pour vivre, le petit capital épargné.

  • Baudouin Hannecart

    C’est l’évidence même, mais trop d’électeurs ne se posent hélas pas tant de questions. Depuis que Hollande est élu, des Grecs s’imaginent que leurs salaires reviendront au niveau d’avant la crise, et même chez nous, qu’est ce que l’on ne lit pas comme inepties, que des Onckelinckx et autres exploitent avec délectation.
    Mais pouvons-nous nous étonner de tant d’ignorance lorsque la RTBF participe à la désinformation en nous bassinant trois fois par jour avec les “investisseurs” ceci et les “investisseurs” cela, quand il ne s’agit que de spéculation pure et simple, même contre l’euro ou nos entreprises.
    Le maître mot est “croissance”. Combien de politiciens sont-ils capables de calculer en combien de temps on double la consommation (chose absurde et impossible) avec cet idéal des idéaux que serait 3% de croissance?
    Le système économique est basé sur l’absurde. Les inciviques de l’économie sont ceux qui restent chez eux et préparent leurs repas avec les fruits de leur potager. Les héros de la croissance sont ceux qui claquent leur argent à n’importe quoi qui fait de la consommation avec transaction financière, dont l’État dépend pour survivre.

  • D; de Failly

    Cet article est fort intéressant. Il pourrait être judiciieusement complété par une étude sur l’impact que produit unhje “initiative” politique sur le coût de la vie. Notre petite société belge où certains sont fier de dire qu’il est le plus moderne au monde, il serait inétrssant de connaître combien nous coûtent certains progrès classés dans les “inutiles”. Dans le même ordre d’idée, bien souvent des gens réclament auprès des autorités politique de nouveaux services sans se rendre compteb que les dits services réclamés ne le seront que grâce à de nouvelles levées de taxes. Ainsi donc, le coût de la vie est trouve également une raison d’augmenter par le nombre de services en croissance constante. Il serait intéressant d’enquêter sur la croissance exponentielle des structures de l’Etat, des régions etc .. et les divers niveaux de pouvoirs. Tout cela à des coûts exhorbitant. CQFD
    D. de Failly

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